mardi 23 octobre 2012

Peugeot Aulnay, un média-mensonge pour justifier la fermeture et les licenciements


En juin 2011 les salariés de PSA Aulnay découvrent qu'en secret se prépare un plan de fermeture de cette usine en 2014. La CGT du site décide de rendre public le document. A l'époque Peugeot dément catégoriquement que ce projet de fermeture soit à l'ordre du jour.
Un an plus tard, on verra avec l'annonce de la fermeture de l'usine que ces dénégations n'étaient que de façade.

Face à la déflagration de l'annonce de cette fermeture, P Varin (PDG du groupe) lance alors cette affirmation-choc, reprise depuis lors en cœur par l'ensemble des médias et faisant figure de socle indépassable de l'ensemble des experts médiatiques pour réclamer une augmentation de la compétitivité et la baisse du "coût du travail" : " PSA brule 200 millions d'euros de cash chaque mois".

Sur la base de cette vérité révélée, il n'y a pas d'alternative à la fermeture du site. Au delà, il n'y aurait pas d'alternative non plus à ce que les salariés acceptent la diminution du cout du travail, c'est-à-dire des salaires (direct ou indirect). Les PDG de PSA et de Renault partant même de concert dans cette croisade à l'ouverture du Mondial de l'auto à Paris.

Sans être accusé de voir le mal partout, et d'accuser à tout propos de façon atavique de malheureux entrepreneurs pressurés, mais instruit de l'expérience de la déclaration de l'été 2011, on peut légitimement se poser la question de la situation financière réelle du groupe PSA. Ne dit on pas que qui veut tuer son chien l'accuse de la rage ?






Dans l'indifférence médiatique générale, et avec un intérêt bien moindre que pour le rapport Sartorius commandité par Arnaud Montebourg et préconisant un enterrement de première classe pour les usines PSA françaises, le 11 octobre dernier la CGT d'Aulany a rendu publiques les conclusions du cabinet d'expertise SECAFI mandaté par le Comité Central d'Entreprise de PSA pour étudier la situation financière du groupe.

D'après les déclarations du PDG de PSA on devrait en toute logique trouver une situation financière catastrophique. En substance les conclusions de ce rapport sont pourtant tout autres et sans appel. Jugez donc :

  • Pour le première semestre 2012, le résultat net est affiché à -747 millions d'euros. Catastrophique me direz vous. Mais ce résultat cache une provision exceptionnelle de 612 millions d'euros ramenant en quelque sorte le résultat "réel" à -135 millions d'euros ce qui est déjà nettement moins impressionnant. Surtout si l'on considère que 2012 voit un niveau record d'investissement (principalement à l'international) de 2,2 milliards d'euros contre 1,1 en 2011. De là à penser que finalement PSA ne perd pas tant d'argent que cela,et qu’en réalité, la société mise sur la délocalisation, on pourrait même croire qu'il en gagne.

  • Le rapport met par ailleurs en évidence des transferts entre la branche auto et les autres branches de PSA (Gefco, PSA finance....) contribuant à renforcer l'impression que la branche auto est dramatiquement dans le rouge.

  • PSA est un groupe très peu endetté relativement à d'autres groupes automobiles (2,3 milliards d'euros) cet endettement ayant même diminué au premier trimestre 2012 et il possède une réelle solidité financière avec près de 12 milliards d'euros d'actifs mobilisables (actifs financier, trésorerie et ligne de crédit)

  • Cet audit conteste donc formellement l'affirmation-choc de Monsieur Varin.

  • Entre autre choses intéressantes, on apprend que le groupe PSA a dépensé 6 milliards d'eurosen rachat d'actions et dividendes sur les 12 dernières années. Sans que M Varin ne pose la question de la nécessité d'abaisser le coût des dividendes et des plus-values touchés par les actionnaires....

Par ailleurs, PSA fait le choix d'une mondialisation à "marge forcée" avec le développement d'usines en Chine, Brésil et Russie nécessitant d'important investissements, financée par des marges importantes réalisées en Europe. C'est ainsi que PSA prend un niveau de marge en Europe trois fois plus élevé sur ce marché que les cinq plus grands constructeurs mondiaux. De là à envisager un lien avec la sensibilité particulière des ventes du constructeur à la baisse de pouvoir d'achat des ménages liée elle à la politique austéritaire imposée par l'UE.

Au final, de ces informations, on peut retenir raisonnablement trois choses :

  1. La construction automobile en France est rentable et même très profitable, et ce sans poser la question du "coût du travail". Les rodomontades du patronat au services des actionnaires (c'est à dire des capitalistes pour reprendre un mot qui fâche) ne doivent donc pas impressionner nos concitoyens. Elles ne sont pas le reflet de la réalité.Le constat pourrait sans doute être étendu à l'ensemble du secteur secondaire.
  2. On peut noter la frénésie médiatique à reprendre l'affirmation choc de P. Varin, qui pourtant ne semble refléter la vérité. Frénésie exactement inverse de l'absence de publicité faites aux conclusions du premier volet du rapport SECAFI. Mettant ainsi particulièrement en relief les choix idéologiques de la majorité des médias, qui roulent pour la classe dominante (c’est-à-dire pour ces fameux "marchés").
  3. Ce rapport met aussi particulièrement en lumière les choix politiques du gouvernement, qui après de grands discours, laisse tomber Aulnay, céde aux patrons des "pigeons" et affirme de concert avec le MEDEF vouloir améliorer la compétitivité de la France en semblant vouloir financer la baisse de la part patronale des charges par une augmentation de la CSG sur le dos donc des travailleurs.


Les conclusions de ce rapport sont pourtant sans appel, les discours du patronat ne résistent pas à l'épreuve des faits. Il est donc possible de conserver une production industrielle forte et rentable en France et ce sans céder au chantage du patronat et des "marchés" et pas davantage aux contraintes drastiques qu'ils imposent au monde du travail à travers leur outil de destruction massive qu'est l'UE (austérité, interdiction de l'intervention publique pour sauver des entreprises pourtant rentables tellesAulnay-PSA, PSA-Rennes, Petroplus, Florange, Douai, Durisotti, Fralib, Air-France, etc....)
 
Analyse de JBC

 
C Ghosn et P Varin réclame de la flexibilité et des allégements de charges : http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20120926.REU6858/ghosn-et-varin-tirent-la-sonnette-d-alarme-sur-l-automobile.html

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