Pôle position/ Réflexions de la commission luttes du PRCF
sur la journée intersyndicale du 13 juin 2009.
Battre les naufrageurs
pour éviter le naufrage et repartir à la reconquête
Comme
le PRCF et ses militants syndicaux l’avaient dit depuis le début, la
pseudo-« stratégie » des
états-majors syndicaux alignés sur Chérèque et sur la Confédération
européenne des syndicats ne pouvait que mener le mouvement populaire
français dans une impasse. Après le demi-succès du
1er mai (au regard des enjeux sociaux), après le bide
organisé du 26 mai, les manifestations sans grève, un samedi après-midi,
du 13 juin ont été un échec, même s’il faut saluer les
salariés qui s’y sont rendus courageusement sans avoir, pour la
plupart, d’illusions sur leur succès.
Ainsi,
depuis des mois, et même depuis des années (les temps forts ont été les
grèves de cheminots de 1995,
les grèves de la fonction publique en 2003, l’insurrection citoyenne
de la jeunesse en 2006 contre le CPE et, cet hiver les immenses manifs
et les grèves dures avec séquestration de patrons dans
le privé), les travailleurs crient « tous ensemble » et même « tous
ensemble ET EN MEME TEMPS », ils scandent « grève générale », ils
affirment dans tous les
sondages qu’une majorité large d’entre eux est prête à la grève
générale jusqu’à obtenir satisfaction (si bien sûr ils sentaient du
« répondant » dans les états-majors) et on leur
répond mouvements séparés dans les différentes corporations, ou
grosses manifs interpro mais trop espacées, le plus souvent sans mots
d’ordre de grève clairs (Thibault a même osé déclarer en 2003
que « la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays »), refus absolu
d’organiser une vraie PREMIERE grève interpro de 24 heures, avec appel
partout à se réunir sur le tas pour décider de la
suite. On ne met en avant aucune plate-forme syndicale claire
CHIFFRANT les revendications, exigeant le relèvement substantiel des
salaires, notamment des petits et moyens, interdiction des
licenciements et des délocalisations avec au besoin nationalisation
démocratique des entreprises licenciant après avoir touché des fonds
publics, annulation des suppressions massives de postes
d’enseignants, d’infirmières et de fonctionnaires, abrogation des
lois scélérates qui cassent la Sécu, les retraites, le droit du travail,
la réglementation du SMIG et du temps de travail, etc.,
refus total des multiples directives européennes dictatoriales qui
organisent la casse des acquis sociaux et des services publics, etc.
Au
contraire, MM. Chérèque, Thibault, Mailly, Aschiéri, courent aux
« négocations » bidon avec ce
gouvernement qui détruit le droit de grève et les libertés
syndicales, qui n’entend que les patrons et qui, après plusieurs
millions de manifestants salariés dans les rues, n’a entendu que les
« revendications » de Parisot demandant le travail du dimanche et
l’abrogation de fait du SMIC ! Pire, les très fortes mobilisations de
nos compatriotes des DOM-TOM n’ont même pas
donné lieu à un meeting intersyndical de soutien en métropole ;
quant à l’admirable lutte des chercheurs, étudiants et universitaires
contre le démontage de l’université et la casse des concours
de l’enseignement, elles ont tout bonnement été ignorées et
méprisées par les bonzes syndicaux et par leurs petits frères
socialo-dépendants de l’UNEF euro-alignés. Ne parlons pas des ouvriers
du
privé qui ont été laissés tout seuls, de Conti aux équipementiers
automobiles, la fédération CGT de la métallurgie (proche de Thibault)
refusant même d’organiser une manifestation nationale de
l’automobile proposée par de nombreux syndicats. Enfin, cerise sur
le gâteau, alors que le patronat et le gouvernement répriment le
syndicalisme de lutte, c’est à une véritable chasse aux
sorcières syndicales que s’est livrée la confédé CGT en attaquant, à
Douai notamment, les syndicalistes comme Jacques Leclercq qui
refusaient de s’aligner sur l’orientation défaitiste et
européiste de la CGT confédérale.
C’est
qu’en réalité, depuis des années, l’état-major de la CGT et celui de la
FSU, les deux principales
organisations de masse issues du syndicalisme de lutte, n’ont cessé,
dans la foulée des reniements du PCF en « mutation », de donner des
gages d’assagissement au syndicalisme
d’accompagnement euro-formaté représenté par la C.E.S., cette
courroie de transmission de l’Europe maastrichtienne qui a appelé à
voter oui à la constitution européenne et dont le président, John
Monks, demande aux syndicalistes de « sauver le capitalisme de
lui-même ». On a même gaspillé et dévoyé le mécontentement social cet
automne en faisant défiler les syndicalistes CGT,
avec leur drapeau rouge, sur le piteux mot d’ordre CES « pour un
travail décent ». Pendant que l’on casse l’emploi industriel en France,
que l’on démonte tous les acquis sociaux
nationaux hérités du Front populaire, de la Résistance et de 1968,
la CGT-Thibault ne dit pas un mot contre cette Union européenne dont le
dogme central, qui détruit toute notre industrie et
déclasse toute notre classe ouvrière, est que « l’UE est une
économie de marché ouverte sur le monde ». Au lieu de défendre les
acquis nationaux de chaque pays pour chercher
l’alignement par le haut, on nous promet mensongèrement « l’Europe
sociale » qui est le dogme commun de Chérèque, Thibault, Mailly et même
de SUD, mais aussi de leurs amis
« euroconstructifs » du PS, des verts, du « Front de gauche » et des
euro-trotskistes du NPA et de LO comme si quoi que ce soit de positif
pour les peuples était jamais venu
de Bruxelles !
Face
à cette stratégie défaitiste dont le vrai but, à demi avoué par Sarko
et Fillon qui félicitent les
dirigeants syndicaux pour leur « responsabilité », est d’USER le
mouvement social et d’EVITER l’affrontement de classes GAGNANT avec
Sarko-MEDEF et l’Europe, le gouvernement s’apprête à
renforcer sa politique de « rupture » avec ce qu’il appelle avec
mépris « l’exception française », c’est-à-dire l’héritage républicain de
la Révolution française et le legs
social du Conseil national de la Résistance, dans le but d’aligner à
100% la France sur l’inhumain « modèle » (sic) anglo-saxon qui a fait
de l’Angleterre et des Etats-Unis des jungles
sociales.
Mais
le pouvoir et ses « amortisseurs » syndicaux n’ont pas partie gagnée.
D’abord de nombreux
syndicalistes de classe voient de plus en plus clair sur le suicide
syndical que leur propose Thibault et Aschiéri, qui piétinent les
traditions combatives de la CGT et de la FSU pour cultiver
une « unité » avec le jaunissant Chérèque, le « syndicaliste »
favori du MEDEF. Dans de nombreuses structures syndicales, la fronde
grandit contre ceux qui n’usurpent la
référence à la CGT que pour préparer sa fusion, d’abord idéologique,
puis organisationnelle, avec la CFDT, de manière à parfaire la mainmise
de la CES sur le syndicalisme français.
En
outre, il y a une maturation générale de la classe laborieuse et de la
jeunesse de France sur la question
européenne : déjà 72% des ouvriers, 65% des employés et 62% des
moins de 25 ans avaient voté non à la constitution européenne. Cette
méfiance profonde envers l’intégration européenne qui
désintègre la France et sa classe ouvrière s’est approfondie avec
les 60% d’abstention –72% chez les moins de 25 ans et 64% chez les
ouvriers !- aux élections européennes, auxquelles
s’ajoutent plus d’1 million de bulletins nuls et blancs. En réalité,
les sarko-amortisseurs Chérèque, Thibault, Mailly et Aschiéri, ont de
plus en plus de mal à « vendre » leur Europe
sociale et leur stratégie défaitiste.
Reste
à reconstruire un véritable syndicalisme de classe. Celui-ci a besoin
de l’intervention de tous les
vrais communistes, non pour chapeauter ou « noyauter » le mouvement
syndical de classe, mais pour l’aider à se reconstruire en défendant
l’indépendance syndicale, aujourd’hui lourdement
menacée par l’Europe, par le patronat et par le gouvernement (lois
sur la représentativité syndicale assurant un monopole de fait aux
confédérations « assagies »), et aussi par
l’anticommunisme des dirigeants confédéraux qui ne cessent
d’agresser Cuba et le communisme historique dans leurs publications. Les
salariés ont besoin de syndicats qui ne soient plus
euro-formatés, sarko-domestiqués et parisot-blablateurs mais qui
soient 100% DEPENDANTS des intérêts du monde du travail.
C’est
cette indépendance par rapport au gouvernement, à l’Europe et aux
patrons que, dans le total respect de la démocratie syndicale et
ouvrière, le PRCF aidera de tous ses modestes moyens, le mouvement
syndical de classe à reconquérir car il y va de l’avenir de la
classe ouvrière, de l’intérêt national, et de la montée en puissance
d’une véritable Europe des luttes non pas pour l’Europe sociale, mais
CONTRE l’euro-dictature patronale de
Bruxelles.