mercredi 6 février 2013

STALINGRAD, ALLOCUTION DE PIERRE PRANCHERE

70eme Anniversaire de la Victoire de STALINGRAD
ALLOCUTION DE PIERRE PRANCHERE
2 Février 2013 - Commémoration Stalingrad

Messieurs les ambassadeurs, Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
 
Au nom du collectif d’organisation je remercie les signataires de notre appel et nos partenaires sans lesquels notre initiative n’aurait jamais atteint cette dimension aussi importante.
 
En 2008, la nécessité de réagir à la marée néo-nazie et fasciste qui déferlait depuis quelques années est une des raisons qui nous avait conduits à commémorer le 65ème anniversaire de la bataille de Stalingrad. Le 3 juin 2004, un certain Göran Lindblad, chargé d’un rapport au Conseil de l’Europe visant à criminaliser le communisme et l’Armée Rouge, fleurissait à Riga le monument aux Waffen SS lettons qualifiés de « héros de l’indépendance nationale » alors qu’ils égalèrent dans l’horreur les SS de Tulle, Oradour-sur-Glane et Maillé, en exterminant 90000 internés, la plupart juifs, dans le sinistre camp de Salaspils. Portés par cette vague négationniste, les Nazis organisaient manifestation sur manifestation en Allemagne. Le 17 novembre 2006, je me souviens avoir acheté à Brême le Bild Zeitung dont la une était barrée par le député nazi Klaus Jürgen Menzel jurant fidélité à Hilter. Berthol Brecht avait raison « le ventre est encore fécond d’où sortit la bête immonde »

Aujourd’hui, nul recul de ces mouvements néo-nazis qui s’ancrent chaque jour plus profondément. Des guerres impérialistes se déclarent chaque jour, portées par l’UE, contre le droit des peuples. C’est pourquoi, plus déterminés que jamais à lutter contre toutes les formes de résurgences du nazisme et du fascisme, nous proclamons dans l’appel pour la commémoration du 70ème anniversaire notre solidarité à la puissante et légitime riposte manifestée en Russie et dans les pays de la CEI pour que l’histoire soit respectée de même que l’honneur et l’héroïsme de ceux qui sacrifièrent leur vie pour la liberté.
 
Nous sommes fiers, aujourd’hui, que de Paris s’exprime la gratitude et la reconnaissance du peuple français aux héroïques combattants de Stalingrad, aux peuples soviétiques et à l’Armée Rouge, pour leur contribution essentielle à la victoire sur l’hitlérisme. Le général de Gaulle reconnut ce rôle capital « Il va de soi que leur alliance [celle de la France et de la Russie] au cours des guerres mondiales, et notamment, la part capitale que l’Union Soviétique prit à la victoire décisive qui couronna la Deuxième n’ont fait que renforcer, chez les Français, le sentiment de cette solidarité » (discours devant le Soviet Suprême, 20 juin 1966).
 
La victoire de Stalingrad donna une impulsion considérable à la Résistance, elle redonna l’espoir aux résistants, aux patriotes et à l’ensemble de notre peuple. Comment oublier la façon dont, le 10 février 1943 le général de Gaulle évoque « la puissance militaire allemande » qui « chancelle » sous les coups des vaillantes armées russes »dans une lettre au Comité Central du Parti communiste. Il préfigure dans cette lettre le CNR en affirmant le but commun à la France Libre et au parti communiste, « une coordination efficace des organisations de résistance » et « remercie sincèrement la mise à [sa] disposition en tant que commandant en chef des Forces Françaises des vaillantes formations de Francs-Tireurs que vous avez constituées et animées ». Nous touchons, là, à quelque chose d’essentiel : cette association joua un rôle décisif dans la Résistance française et au-delà par la mise en œuvre du programme né du Conseil National de la Résistance, programme intitulé « les Jours Heureux », qui est toujours d’une brûlante actualité.
 
D’un côté à l’autre du continent, s’est mené le combat commun contre le nazisme, combat qui doit faire mesurer à sa juste valeur la contribution décisive de l’URSS à la réalisation des objectifs de la résistance française et à la reconnaissance de la France au nombre des vainqueurs. La signature à Moscou, le 10 décembre 1944 du Pacte franco-soviétique confirma le retour de la France sur la scène du monde.
 
Mais avant la victoire, il y eut les années de lutte. Sur le sol français, il faut rappeler l’héroïsme de notre Résistance intérieure au sein de laquelle la résistance communiste a occupé une place essentielle et à laquelle j’ai appartenu dans les rangs des FTP. Lorsque de Munich à Vichy la boucle fut bouclée, le 10 juillet 1940, Maurice Thorez et Jacques Duclos, proclamèrent “jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves”. Dans la foulée commencèrent les sabotages, Léon Landini en témoigne. L’Organisation Spéciale de combat fut créée en octobre 1940, puis vinrent les Francs-Tireurs et Partisans. L’ignoble répression que furent les exécutions d’otages avait suscité la résistance armée contre la terreur nazie. Notre résistance prit une dimension nouvelle après l’agression contre l’URSS du 22 juin 1941. Dès le 21 août, Pierre Georges, le futur colonel Fabien ouvrit la voie vers l’action armée de masse. De 1941 à 1944 les exécutions d’otages quasiment tous communistes feront lever de nouveaux combattants et la guérilla urbaine s’installera à Paris où elle deviendra la hantise de l’occupant, à Lyon où Léon Landini, aujourd’hui à nos côtés, en fut un héroïque combattant et dans d’autres villes.
 
Sur le sol soviétique, et les mots des témoins, Tchouïkov, Emerenko, Joukov portent jusqu’à nous l’émotion de ce combat, les bases du tournant décisif de la guerre sont connues : la formation et l’équipement des armées de réserve par la production d’armements. Mais plus encore, il y eut le génie militaire des chefs de l’Armée Rouge sous la conduite de la Stavka et de son commandant suprême, Joseph Staline. Il atteignit sa pleine mesure à partir de la plus grand bataille de chars de l’histoire : la bataille de Koursk à l’été 1943. L’Armée Rouge conquit l’initiative stratégique qui se termina, après de sanglants et terribles combats, à Berlin, lorsque le 30 avril à 15h30 le drapeau rouge fut planté sur le Reichstag et que 20 minutes plus tard l’Armée Rouge, arrivée à 80 mètres de la chancellerie, accula Hitler au suicide.
Escadrille Normandie-Niemen
 
Je rappellerai, enfin, deux exemples de lutte franco-soviétique issus d’un département qui m’est cher : celui des 250 Soviétiques que la Corrèze, dont la puissance résistante la faisait qualifier de « petite Russie » par les Nazis, accueillit au sein des Francs Tireurs et Partisans et de l’Armée Secrète ; celui aussi du général Pierre Pouyade, futur député de la Corrèze, qui fut un des prestigieux commandants du régiment Normandie-Niemen.
À tous les représentants des pays qui luttèrent à Stalingrad et à leurs glorieux peuples, je dis : Chers amis jamais nous n’oublierons la victoire de Stalingrad. Gloire à l’Armée Rouge ! (dit en russe)
Et comme nous le disions à cette terrible et glorieuse époque : “Quand l’Armée Rouge avançait la liberté avançait avec elle !”
Honneur et gratitude éternelle du peuple français aux héroïques combattants de Stalingrad ! Qu’ils nous servent toujours d’exemple !
Je vous remercie de votre attention.

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