mardi 16 juillet 2013

Déraillement de Brétigny-sur-Orge

Déraillement de Brétigny-sur-Orge : compassion, interrogations, questions de fond.


Le terrible déraillement survenu à Brétigny le 12 juillet appelle d’abord compassion pour les victimes, admiration pour le cheminot conducteur de rame qui a instantanément baissé sa vitesse quand il a senti venir le drame (déclarations du ministre Cuviliez), gratitude pour les secours prestement mis en place par les fonctionnaires des divers services publics, sympathie pour les centaines de milliers de passagers gênés par l’interruption du réseau.

Il appartiendra à l’enquête de faire la lumière sur les causes directes de l’accident, sachant que malgré toutes les dégradations subies par la SNCF depuis vingt ans, le rail français reste l’un des plus sûrs du monde.

Mais quelles que soient ces causes directes de cette tragédie, des questions de fond doivent être posées.

Depuis le début des années 90, le rail français a été délibérément mis en crise par la politique de privatisation orchestrée par les gouvernements successifs en application du Traité de Maastricht. En vue de privatiser l’exploitation ferroviaire, le transport proprement dit – partie « rentable » – du travail des cheminots, a été découplé du réseau et de son entretien (création de RFF). On a d’ailleurs procédé de la même manière en matière d’énergie en découplant ERDF et EDF proprement dit. Le but est clair : rentabiliser le transport, ou la distribution d’énergie, pour démanteler les monopoles publics et installer la concurrence du privé (avec une hausse constante des tarifs et une politique commerciale détruisant l’égalité entre les usagers- que d’ailleurs on ne nomme plus que « clients « ), socialiser les pertes en abandonnant à l’État l’entretien coûteux des infrastructures.

Résultat, dans le cadre d’États européens qui se sont surendettés volontairement auprès des banques privées et qui ont généralisé l’austérité au nom du « salut de l’euro », les infrastructures – notamment celles qui desservent le trafic inter-cités et qui, en conséquence, concernent les TRAVAILLEURS se rendant à leur travail – sont à l’abandon

Le renouvellement du matériel roulant ne se fait pas, des milliers de postes de cheminots ont été supprimés pendant que la précarité et la sous-traitance augmentaient.

Tout cela se paie en terme de retards permanents, de mal-vivre des usagers, d’insatisfaction professionnelle des cheminots, de dégradation d’un service public qui était un modèle mondial avant que la France n’accentue son engagement dans la funeste « construction » européenne.

En outre, la France capitaliste s’est vu attribuer le « créneau » du tout-transport transeuropéen dans la division du travail au sein de l’UE

En abandonnant totalement à l’Allemagne la grande industrie, les gouvernants successifs ont privilégié les TGV couplés au réseau européen (alliance Railteam, avec en prime une effarante politique linguistique conduisant à substituer l’Anglais au Français dans la dénomination des produits : TGV Night, Family TGV, etc.) en abandonnant les réseaux régionaux aux régions qui avaient plus ou moins les moyens de les entretenir ; il faut donc réaffirmer la responsabilité NATIONALE en matière de transport ferroviaire.

C’est pourquoi le PRCF

Est solidaire des syndicats cheminots CGT et SUD qui réclament un tournant dans la gestion de la SNCF : il faut réunifier l’entreprise, abolir la réforme RFF contrairement à ce que fit Gayssot (le faux ministre « communiste » de Jospin qui s’était contenté superficiellement de « réformer la réforme » Juppé)

.Il est ABSOLUMENT NÉCESSAIRE de la renationaliser vraiment, embaucher les cheminots qui manquent objectivement pour assurer la sécurité et le confort des voyageurs, en finir avec une politique des prix qui transforme les passagers en chasseurs d’aubaine au lieu de garantir l’égalité dans l’accès aux trains et l’aspect social d’un vrai service public

Privilégier l’investissement public et national sur les lignes affectées au transport quotidien des travailleurs

Le problème est spécialement urgent en Région parisienne devenue invivable pour des millions de salariés.

Au-delà de ces aspects, l’heure est plus que jamais à refuser le remboursement de la pseudo-« dette souveraine » « due » par la France aux usuriers des banques. Elle est plus que jamais à sortir notre pays de la mortifère Union européenne du capital et de son damné euro, dans la perspective de sortir du système capitaliste qui sème le déclin national et récolte les profits.

Sans quoi ce n’est plus seulement les trains qui dérailleront, c’est la nation et c’est le monde du travail tout entier.

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