mardi 17 novembre 2015


LEUR ETAT D’URGENCE… et le NÔTRE.

Par Georges Gastaud et Antoine Manessis

 

Les terribles massacres de novembre appellent sans contredit une lutte implacable contre tous ceux qui commanditent l’intégrisme fanatique dans l’unique but de substituer le mortifère « choc des civilisations » au combat émancipateur du Travail contre le Capital et des peuples contre l’impérialisme.

 

Cependant l’énorme battage politico-médiatico-sécuritaire qui a suivi le 13 novembre 2015 n’apporte aucune solution au problème objectivement posé : comment assurer la sécurité des Français sans réduire encore plus les libertés et sans aggraver sans fin la situation au Proche-Orient ? Preuve vient en effet d’être à nouveau apportée que les lois liberticides et pseudo-sécuritaires empilées par Sarkozy, Valls et Cazeneuve n’empêchent pas les opérations terroristes : leur seul effet est d’amenuiser les espaces démocratiques… au nom même de la liberté que l’on prétend défendre en vertu d’une véritable politique de Gribouille *!

 

Preuve a été faite également du caractère irresponsable de la politique extérieure des bellicistes Hollande et Fabius. A Kiev, ces dangereux personnages soutiennent un gouvernement pronazi qui rêve d’entraîner la nouvelle Europe allemande dans une revanche sur Stalingrad ; en Syrie, les gouvernants sociaux-impérialistes français (« socialistes en paroles, impérialistes en fait », eût dit Lénine !) ciblent prioritairement depuis cinq ans l’Etat laïque et souverain de Syrie – une ancienne colonie française, certes ! – n’hésitant pas pour cela à travestir les terroristes d’Al Nosra en « combattants de la liberté ». Ainsi BHL et feu A. Glucksmann présentaient-ils jadis les talibans afghans puisque ces derniers avaient l’insigne mérite à leurs yeux de combattre l’Armée rouge ! Pire, Fabius et Le Drian, ces VRP de Lagardère et de Dassault, ont hypertrophié les relations de la France avec la Turquie d’Erdogan (le bourreau du peuple kurde) – sans laquelle Daesh ne pourrait pas écouler sa contrebande pétrolière. Ils ont aussi doté de « Rafales » le Qatar et l’Arabie saoudite, ces gendarmes du Proche-Orient qui alimentent l’intégrisme islamique à l’égal de leurs protecteurs « chrétiens », les néoconservateurs états-uniens…

 

Ce n’est donc pas l’union sacrée derrière Hollande, ce serviteur reptilien de l’OTAN, qu’il faut prôner quand on veut servir les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité que l’oligarchie et ses partis politiques bafouent quotidiennement en France. En effet, ces grands défenseurs de la « civilisation française » démolissent ici même le Code du travail, la Sécu, les statuts, les services publics, les retraites, ils violent l’aspiration du peuple français à s’affranchir de l’UE et de son austérité à perpétuité**. La vraie gauche, les travailleurs tomberaient dans un piège mortel si sous couvert d’ « union sacrée », ils acceptaient de reculer sur leurs acquis sociaux et leurs libertés syndicales. Non on ne défend pas la liberté en instaurant l’espionnage universel ! Non on ne promeut pas l’égalité en ravageant les acquis sociaux ! Non on ne cultive pas la fraternité en généralisant les contrôles au faciès ! Et s’il faut unir le peuple français, comme le fit naguère le C.N.R., ce n’est pas derrière le PS et l’UMP, qui surenchérissent dans les politiques de guerre, d’austérité et de vassalisation atlantique, c’est au contraire derrière un programme d’indépendance nationale, de nationalisations démocratiques, de progrès social, de rétablissement du « produire en France », de promotion de l’Education nationale laïque, de défense de l’environnement contre le tout-profit capitaliste. Or cette politique de coopération avec tous les peuples implique clairement la rupture révolutionnaire de la France avec l’euro, l’UE, l’OTAN… ces armes létales du capitalisme-impérialisme « moderne »…

 

Sur le plan de la politique étrangère, le PRCF appelle dont les lecteurs d’I.C. à exiger qu’en Syrie, la diplomatie et l’armée et les services spéciaux français cessent de considérer l’Etat syrien et ses alliés – au premier rang desquels la Russie – comme l’ennemi principal à abattre. Nous n’idéalisons certes pas Assad ou Poutine et notre soutien politique va clairement aux communistes syriens et russes. Mais qui ne voit que Daesh, la créature de Frankenstein qu’ont suscitée l’impérialisme occidental et ses alliés turco-qataro-saoudiens est le contraire d’un mouvement anti-impérialiste et que cette organisation criminelle constitue une pièce décisive de la stratégie impérialiste du chaos ? Une stratégie exterminatrice qui tue en masse des Irakiens, des Syriens, des Afghans… et désormais, des Français, tout en jetant sur les routes de l’exil des millions d’humains qui n’ont pour « choix » que d’être transformés en chair à canon des bandits intégristes ou de devenir la chair à profit du capital germano-atlantique ?

 

Concernant la France, la traque légitime des tueurs monstrueux ne doit donner lieu à aucun amalgame avec la masse des jeunes Français issus de l’immigration. Exerçons sans faiblesse notre droit de réunion, de grève, de manifestation, de tractage, car ceux qui dynamitent les conquêtes du CNR à coups de loi Macron et de directives européennes, emploieront sans scrupules l’état d’urgence pour imposer leur programme thatchérien avec l’appui de l’ « opposition » de droite. Non seulement le combat social n’est pas un obstacle à la lutte antiterroriste, mais IL EST LE PRINCIPAL ANTIDOTE au prétendu « choc des civilisations » ; ce n’est pas parce que les organisations qui se réclament du mouvement ouvrier lutteraient « trop », c’est au contraire parce qu’elles ont déserté le combat de classe, la lutte anti-impérialiste, la défense authentiquement patriotique du « produire en France », de la laïcité à la française (rien à voir avec les usurpateurs qui couvrent du beau mot de laïcité leur haine du TRAVAILLEUR musulman), de la langue française sacrifiée au tout-anglais, de la République une et indivisible découpée en « Grandes Régions » à l’allemande, que la France risque fort de plonger dans un processus déshonorant de fascisation, de militarisation et de surenchère belliciste. C’est pourquoi le PRCF a appelé à faire du 2 décembre, jour de la honteuse comparution en « justice » des ouvriers d’Air-France, une journée de rassemblement pluriel de la gauche populaire devant les préfectures et les chambres patronales.

 

Ce n’est pas non plus de « plus d’Europe » que nous avons besoin, n’en déplaise à Marine Le Pen qui vient d’ôter son masque « eurosceptique » en annonçant son ralliement à l’UE et au programme de casse du MEDEF*** ; il faut au contraire SORTIR la France de ces machines de mort antisociales, antinationales, liberticides et guerrières que sont l’UE, l’euro et l’OTAN : ce pourquoi le PRCF active la campagne populaire de signatures pour que le peuple français puisse décider par référendum de sortir de l’Europe de la guerre et de l’austérité. Bref, ce n’est pas d’une reptation généralisée du peuple derrière les casseurs de pays du gouvernement que nous avons besoin, mais du tous ensemble du monde du travail, de la jeunesse et des vrais patriotes pour chasser cette oligarchie qui fragilise et déstabilise de plus en plus notre pays. Aux mortifères intimidations des forces réactionnaires de tous bords, répondons par l’état d’urgence vital des partisans de la République sociale, laïque, souveraine et fraternelle. 

 

 *Gribouille est l’homme qui se jette à la rivière pour échapper à la pluie…

**En 2008, le PS et l’UMP ont imposé au peuple un Traité qui renforce la constitution européenne refusée par les Français.

***Cf à ce sujet les textes de G. Gastaud et d’A. Manessis datés du 6 novembre 2015, www.initiative-communiste.fr

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